« Comment co-créer avec la matière ?
Comment abolir la structure pyramidale qui conforte le designer·euse dans sa suprématie.
Comment nourrir une relation horizontale entre designer·euse et matière ?
Un questionnement qui a pour ambition de prêter au vivant et au non vivant, au végétal et au minéral, une force créative sans égal, à écouter, à respecter, à chérir comme notre prochain.
Dans cette quête de co-création, je suis allé glaner mes terres (des grès) en forêt, avec mon vélo-cargo, à la force de mes jambes. Je les ai raffinées dans mon atelier, afin de les modeler selon une technique bien particulière : celle du pinçage. J’ai façonné avec rigueur et engagement.
200 bols, autant de tentatives de m’aligner pour ne faire qu’un avec la matière.
J’ai mené diverses expériences pour tendre vers une co-création, sincère et entière, qui fut un mélange d’engagement physique intense et de frustration.
Je me suis enterré nu pour tenter de ne faire plus qu’un avec la matière et inverser les rapports de force en acceptant de me laisser envelopper par elle.
J’ai ensuite cherché à réaliser une pièce d’un volume de terre avoisinant les 80 kg pour rééquilibrer les rapports de force.
Puis dans un désir d’investissement équitable au même titre que la terre, j’ai cherché à m’impliquer physiquement et vitalement dans le processus afin de mesurer l’intensité du geste créateur. Pour cela, j’ai donné de mon sang pour émailler.
Autant d’actions qui interrogent le monde de la production et de la consommation.
Plus que des productions en tant que telles, c’est ici le processus qui a pour ambition de faire projet. »






