Programme EKES (EarthKeeping EarthShaking)

Si les courants de pensées écoféministes font aujourd’hui l’objet d’un intérêt notoire, il nous a semblé incontournable d’en interroger les fondements  historiques, sociopolitiques et culturels. Il s’agit ainsi de mieux les situer pour comprendre pourquoi et comment ils imprègnent toute une génération d’étudiant•es qui s’inscrivent tout autant dans une filiation que dans une quête inédite d’un renouveau sensible de nos relations au vivant terrestre. 

Les courants de pensée écoféministes sont apparus au tournant des années 1970 et 1980. Leurs irrigations contemporaines sont le sujet de ce premier volet dédié aux écofémisme(s) et l’art contemporain. En 2020-2021, peut-on parler d’un langage commun aux pratiques artistiques et aux préoccupations écoféministes ? Quelles filiations peut-on établir ? Quels sont les enjeux éthiques, politiques et esthétiques et vers quelles formes artistiques et nouveaux récits peuvent-ils nous emmener ? 

Pour arpenter ensemble ces pistes de réflexions, nous avons fait dialoguer la pratique et la théorie en invitant artistes, philosophe, sociologue, critique d’art et commissaire d’exposition au cours de conférences, journée d’étude et workshops.

Leurs contributions nous ont été précieuses et particulièrement éclairantes : Virginie Maris, Anne de Malleray, Julie Crenn, Benedikte Zitouni, Marie-Léa Zwahlen & Myriam Ziehli, Tiphaine Calmettes, Camille Froidevaux-Metterie, Anaïs Tondeur & Marine Legrand, Julie Michel, Madeleine Planeix-Crocker, Leïla Barkaouï, Julie Gorecki, Myriam Bahaffou.

*Journée d’étude « Écoféminisme(s) et art contemporain », 29 janvier 2021. Co-organisée par l’ÉSAD de Reims en partenariat avec le Centre de Recherche Droit et Territoire, l’unité de recherche (équipe d’accueil EA 3312) de la Faculté de Droit et de Science Politique de l’Université Reims Champagne Ardenne (URCA). Comité scientifique : Rozenn Canevet, professeure en théories et histoire de l’art et directrice du programme de recherche EKES, master Art de l’ESAD de Reims, Camille Froidevaux-Metterie, philosophe et professeure de science politique à l’Université de Reims Champagne-Ardenne,  Kristell Blache-Comte, anthropologue et coordinatrice de la recherche à l’ESAD de Reims jusqu’en 2022. 

Le second volet de recherche d’EKES (EarthKeeping EarthShaking) sous-tend une question de nature éminemment juridique. Il est consacré au thème des droits de la Terre et met en lumière les initiatives qui se modèlent autour de la protection du vivant, considéré dès lors non comme une entité vulnérable mais comme une énergie puissante, avec des formes qui font corps et prennent corps dans l’agir collectif, prônant la vivacité comme terreau de nos existences terrestres.

« Sonder les droits de la Terre », c’est ainsi sonder une génération d’artistes et de chercheur•ses, engagée et consciente des enjeux écologiques, mobilisée pour penser le processus créatif tout autant que sa finalité, œuvrant au cheminement artistique et politique tout autant qu’à sa forme sensible et perceptible. Se dessine ici une relation autre à la Terre, des imaginaires brassés, renouvelés et repartagés autour du vivant et de nos corps, et l’espoir d’un possible réensemencement.

Toujours sous la forme de l’interdisciplinarité, ce second opus donne la parole à des artistes, des commissaires d’exposition mais aussi à des juristes, philosophes, des sociologues, des anthropologues : Kristell Blache-Comte, Rozenn Canevet, Marine Calmet, Daria de Beauvais, Léuli Eshrāghi, asinnajaq, Kate Newby, Hélène Bertin & Caroline Nussbaumer, Barbara Glowczewski, aniara rodado, Charlotte Charbonnel, Irene Kopelman, Angelika Markul, Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós.

Ce volet de recherche se fonde sur les communications d’une journée d’étude et une série d’entretiens satellitaires menés au cours des séminaires de l’atelier recherche et création ARC EKES**. 

Comité scientifique : Rozenn Canevet, professeure en théories et histoire de l’art et directrice du programme de recherche EKES, master Art de l’ESAD de Reims ; Camille Froidevaux-Metterie, philosophe et professeure de science politique à l’Université de Reims Champagne-Ardenne ; Madeleine Planeix-Crocker, curatrice associée à Lafayette Anticipations et doctorante au CRAL-EHESS ; et Kristell Blache-Comte, anthropologue et coordinatrice de la recherche à l’ESAD de Reims jusqu’en 2022. 

**ARC EKES « Sonder les droits de la Terre » 

L’Atelier de Recherche et Création EKES est un séminaire de recherche au cours duquel un groupe d’étudiant•es produit un travail en lien avec les thématiques abordées par le programme de recherche éponyme. En 2021-2022, EKES initie un partenariat avec le Palais de Tokyo à Paris, en dialogue avec l’exposition « Réclamer la terre ». Cet ARC mène un groupe d’étudiant•es de l’ÉSAD de Reims à réaliser un travail de production de podcasts filmés sur le contenu et le processus de montage de l’exposition « Réclamer la terre », sous le commissariat de Daria de Beauvais, et de sa saison éponyme qui s’est tenue du 15 avril au 05 septembre 2022. Remerciements spéciaux à Daria de Beauvais et à toute l’équipe du Palais de Tokyo pour leur généreux accueil et leur disponibilité.

Si une plante vivace confond son énergie dans le fait d’éclore et de subsister alors même qu’on la pensait disparue, nous considèrerons ce caractère vivace comme une nécessité, une vivacité écologique. Car cette vivacité devient condition à la vie, à une vie qui se renouvelle, se régénère, se renforce dans un contexte environnemental qui a contrario se traduit par l’appauvrissement des écosystèmes, du vivant, des ressources indispensables à la vie des plantes comme à la vie humaine. 

Si une plante vivace confond son énergie dans le fait de sortir et ressortir de terre, année après année, saison après saison, nous nous demanderons comment l’espèce humaine pourrait s’assurer de sa durabilité, conditionnée, nous semble-t-il, au renouvellement de tous les écosystèmes vivants qui l’environnent. 

Le troisième opus d’EKES (EarthKeeping EarthShaking) s’intéresse ainsi aux formes d’expressions par l’art contemporain qui favorisent ces vivacités écologiques dans un contexte d’urgence climatique : déplacements, errances, tentatives, énergies, fulgurances. 

En 2022-2023, le programme EKES obtient le soutien du Ministère de la Culture. 

Un voyage d’étude à Naples, en partenariat avec le Madre est organisé au printemps 2023, permettant des visites d’ateliers d’artistes et des rencontres avec les pensionnaires à la Villa Medicis, Académie de France à Rome.

Un partenariat de deux ans (2023-2024) avec le Départements Arts de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles permet l’organisation de workshop et journées d’études sur le thème des « vivacités écologiques » en regard de l’art contemporain.

Pour sa saison 2024, le programme de recherche EKES (EarthKeeping EarthShaking) choisit de poursuivre la thématique des « Vivacités écologiques » initiée en 2023. 

Ce concept semble trouver aujourd’hui un écho sensible dans nombre de pratiques et réflexions qui considèrent les entités proliférantes de nos milieux de vies avec un art de l’attention soutenue (arts of noticing*). Souvent inscrites dans des milieux anthropisés, elles observent, remarquent, relèvent, et donnent à voir les indices d’une écologie de relations interspécifiques qui sont désormais les nôtres, humain·es comme non-humain·es. 

Les espèces végétales en témoignent abondamment. Leurs potentiels de régénérescence  –, leurs capacités à éclore comme à subsister comme celui d’assurer leur renouvellement malgré leur précarisation  –, énoncent pleinement leurs conditions férales, leurs vivacités écologiques. On s’intéressera ainsi aux formes d’expressions par l’art contemporain qui enquêtent sur ces terrains, traitent de ces entités férales en les considérant avec attention, en les remarquant. À celles et ceux qui en inventorient et en figurent les qualités comme les particularités.

Poursuivant son partenariat avec le Départements Arts de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, le programme de recherche EKES oriente son cycle de journées d’études sur le thème des « vivacités écologiques », en s’intéressant au concept de « féralité » en regard de l’art contemporain.

.Un workshop « Sur le Vif » est également organisé, sur le site des Mortemets, à Versailles.